Le Cri de la Virgule

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Philippe Katerine : Je m’éloigne d’autant que je m’approche (2010)

paquita | 3 février 2017

Afficher l'image d'origineComme le suggère la tendre pochette de ce disque : “Qu’il est bon parfois de se laisser dorloter” ! Alors, abandonnez-vous à la chaleureuse présence de cet artiste généreusement dada, présent sur la scène francophone depuis 1991 ! En 24 titres, papa Katerine saura vous redonner le sourire et même, un petit coup de pied où il faut si nécessaire ! « Des bisoux » pour le moelleux et arborer le sourire radieux du maître, accepter vos tourments intérieurs avec « Bien Mal » (le clip enfoncera le clou), faire sortir le (la) rebelle qui est en vous avec « Liberté » tout de suite après mangez « La banane » et retrouvez votre côté punk dans « La reine d’Angleterre » ensuite faite des gosses avec « Philippe » (vous comprendrez à l’écoute) allez vous aérer un jour de fort indice de pollution en « Parivélib » tout en écoutant le vivifiant « Morts-vivants » remettez-en une couche avec « J’aime tes fesses » subtil hommage à Gainsbourg, reprenez votre souffle, voilà, vous vous éloignez d’autant que vous vous rapprochez , plus que 15 titres à déguster et c’est l’absolue plénitude :-)

Pedigree : dessinateur, basketteur de haut niveau, chanteur, auteur, compositeur, acteur, ce bon père de famille est doté d’un sens de l’autodérision qui confine au génie.

L’univers : avec ses textes décalés, l’univers musical de Philipe Katerine est riche et lorgne autant du côté de la variété que de l’électro, du rock ou de la bossa. Tralala.

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Polisse : pour que l’enfance gagne

paquita | 12 mai 2015

polisseC’est dans le titre du film que s’inscrit son thème : l’enfance. Mais une enfance maltraitée par une société malade.

Filmée à la manière d’un documentaire, cette fiction qui s’inspire de faits réels transporte son spectateur dans une zone inconnue du “fait divers” et de notre système judiciaire : celle de la BPM ou Brigade de Protection des Mineurs. Les destins des enfants de tous milieux sociaux-culturels y croisent le quotidien d’agents de police impliqués presque, au-delà de la raison. On y découvre la fragilité d’une parole d’enfant qu’il faut décrypter face à celle d’un agresseur sexuel dont il faut confirmer ou infirmer la culpabilité. La parole d’une maman sans domicile fixe, qui vient « livrer » son enfant dans l’espoir qu’on lui trouve un foyer d’accueil. Ou encore celle d’une jeune pickpocket d’origine Rom, victime des coups de son oncle et de l’omerta de sa communauté. La force du film c’est aussi de montrer l’escalade de l’irrespect, dans les mots et la pensée des adolescents à l’encontre des représentants de l’ordre, sans jugement, comme un état des lieux d’une société qui se durcit, qui mute. Ce qui offre des scènes à la fois surréalistes et hilarantes car en dépit de la gravité du thème, le rire est une soupape nécessaire, vitale.

Dans BPM, il y a « protection » et c’est de là que naît le  quiproquo. Protéger, prévenir, réprimer, punir, réconforter, c’est tout ça à la fois qu’il faut vivre et exercer chaque jour. Comment supporter les drames, les horreurs parfois, où trouver les ressources pour continuer le combat contre l’injustice pour qu’enfin, ce soit l’enfance qui gagne.

Article paru sur le site Internet de la médiathèque de Montrouge et dans le dernier Montrouge Magazine (avec quelques modifications).

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Le saut de l’ange : Maud Marin

paquita | 8 juillet 2014

Ainsi je suis rare, peut-être sans pareil… Je l’avais lu dans un livre, où il était dit que l’androgyne vrai était exceptionnel, et que les statistiques répertoriées dans le monde occidental donnaient un chiffre qui n’atteignaient pas la centaine. Mais les descriptions de ces êtres exceptionnels comme moi étaient trop succinctes pour que je sois sûre de mon appartenance à ce type double, réunissant comme dans la légende le mâle et la femelle. Faisant de moi un ange.

maud_marin1

Paru en 1988, ce livre-témoignage d’une bouleversante acuité,  raconte le chemin de croix vécu par son auteure : une vie de souffrances et de combats, entre deux sexes.

Son calvaire commence à l’été 1945. Née prématurée avec une malformation sexuelle qui complique son identification à un genre déterminé, le joug familial décidera pourtant d’en faire un garçon. Elle sera Jean Marin ou rien. Dès ses premières années, Jean se sait “fille”. Son développement n’est pas celui des garçons dont il craint par-dessus tout la violence physique et verbale. Son corps et ses organes génitaux ignorent la puberté. Grand, frêle, imberbe, la finesse de ses traits ne laisse aucun doute et c’est sans doute cette “provocante nature” qui suscite l’intolérance générale. On voit mais on ne veut pas savoir, reconnaître l’erreur et surtout pas la réparer. Jean souffre de ce mépris familial et social dont la rigidité morale ne peut être discutée. Il faut se conformer, être un garçon, un bon élève, faire oublier les malheurs qui ont fait le lit des névroses familiales. Le climat y est lourd, complexe, à l’image de l’union de ses parents, une union de raison et de sacrifices. Et c’est le sacrifice de son bien-être auquel Jean sera contraint pendant des années.

Pourtant, à l’orée de mai 68, Jean découvre l’amour. Alors étudiant en droit, il est destiné à intégrer un poste de cadre dans l’administration. Elle est étudiante, juive et aveugle à son étrangeté. En pleine libération sexuelle, leur passion demeure platonique. Ils font des projets d’avenir que Jean ne pourra honorer, étant sexuellement inopérant et socialement nié dans son identité. Dans le même temps, toujours en quête d’une reconnaissance de sa féminité, il découvre le milieu de la nuit et des travestis, celui des transsexuels et surtout des opérés(ées). C’est une révélation et un objectif qu’il ne pourra atteindre qu’en brisant ses liens avec son amour de jeunesse mais aussi en se prostituant. Paradoxalement, c’est en exerçant cette profession O combien destructrice que Jean, devenant Maud, parviendra à se faire accepter et surtout désirer. Car elle est là, la plaie initiale, la plaie de l’enfant, de l’adolescent, du jeune adulte dont la société se détourne. Il est des douleurs tellement singulières, tellement troublantes, qu’on ne peut en souffrir la proximité… Le seul véritable contact devient alors un contact tarifé avec à la clé, la peur des fous, des flics, des macs, le racket, la hargne des autres filles, la déchéance physique et surtout un isolement affectif abyssal.

Après “un saut de l’ange” qui lui permet enfin de trouver l’accord avec elle-même, Maud renonce au “tapin” pour fuir un “turbin” placé sur sa tête et sauver sa peau. Avec une soif de reconnaissance et de justice inébranlables, Maud reprend ses études de droit et devient en 1979, la première avocate transsexuelle. Elle obtiendra le droit de rectifier son identité aux yeux de la loi, après de multiples examens médicaux et recours en justice. Une vie de combats épuisants qu’elle médiatisera et qui lui fera perdre son barreau. C’est là que s’efface la trace de Maud Marin, héroïne moderne, au destin si extraordinaire.

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intersexualité, Maud Marin, témoignage
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Just kids : Patti Smith

paquita | 21 juin 2014

Cygne, dit ma mère, qui sentait mon excitation.
Mais le mot était loin de suffire à rendre compte de sa magnificence ou à transmettre l’émotion qu’il produisait en moi. La vision de l’oiseau créait un besoin pressant pour lequel je n’avais pas de mots, un désir de parler du cygne, de dire quelque chose de sa blancheur, de la nature explosive de son mouvement, et du lent battement de ses ailes.

just_kidsQu’est-ce que la poésie ? Qu’est-ce qu’un vie d’artiste ? Deux questions auxquelles tente de répondre Patti Smith dans une autobiographie émouvante et remarquablement écrite. La poétesse y raconte les moments-clés de sa vie pendant lesquels elle entra en contact avec la lecture, la peinture et le rock’n'roll. Issue d’une famille pauvre mais soudée et attirée par la culture, Patricia Smith décidera très tôt de consacrer sa vie à la quête artistique. Après avoir tenté de gagner sa vie au moyen de petits boulots sous-payés, elle abandonne ses études et son premier enfant avant sa majorité, contrainte et forcée par le “qu’en dira-t-on” et sa pauvreté. Elle débarque à New-York à la fin des années 60, sans argent et sans connaissances. Économiquement et affectivement démunie, elle vivra dans la rue pendant quelques mois avant de rencontrer Robert Mapplethorpe, jeune artiste tourmenté et sincère. C’est un coup-de -foudre mystique. Ils deviennent inséparables, nourrissant mutuellement leur soif de création malgré la faim qui les tenaille pendant ces années de bohème. En dépit des difficultés, ils s’accrochent ensemble à leur rêve en travaillant sans relâche : le dessin et la poésie pour Patti, les collages et installations pour Robert. Les lieux (Chelsea Hotel, CBGB, voyage à Paris) et rencontres mythiques peuplées d’anonymes hauts en couleurs se succéderont (Janis Joplin, Jimi Hendrix, William Burroughs) avec pour effet de renforcer leur désir de créer, de collaborer avec d’autres artistes. Ainsi que le démontre ce témoignage d’une époque où tout semblait possible, rien ne naît de rien. Aucune création ne saurait surgir du néant car toute création trouve sa source dans la vie de l’artiste et sa perception des œuvres qui l’ont précédée. “Personne ne voit comme toi et moi Patti” répétera Robert Mapplethorpe à celle qui fut son amante, sa muse et son amie, jusqu’aux derniers instants. Entretemps, les gamins seront devenus des artistes de renommée internationale : Patti Smith sera chanteuse de rock’n'roll et Robert Mapplethorpe photographe. Tout deux innoveront par leur esprit avant-gardiste, marquant la seconde moitié du XXème siècle d’une empreinte profonde et singulière.

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autobiographie, Just Kids, Patti Smith

Drive : la mélancolie du scorpion

paquita | 30 septembre 2013

drivePrimé en 2011 au festival de Cannes, ce film à l’esthétique épurée et contemplative n’a pas usurpé son prix de la mise en scène.

Un homme solitaire, conducteur chevronné et grand économe des mots, sillonne sans fin les rues nocturnes de Los Angeles. L’appel de la route mais aussi celui du danger le font osciller entre un travail de garagiste/cascadeur et celui plus nébuleux de chauffeur de casses et autres hold-up. Mais ce personnage à l’allure soignée, parfois à la limite de l’autisme, verra sa carapace mise à mal par une rencontre qui bouleversera sa vie. Ainsi, Drive est bien plus qu’un film portant sur le démon de la route ou les liens obscurs de son héros moderne avec le milieu maffieux. Il s’agit aussi et surtout d’une histoire d’amour au sens romantique du terme et des dualités qu’elle fait surgir. Mélancolie et violence caractérisent le “driver” identifié au scorpion tueur. Les traumas intériorisés dont on ne saura rien, engendrent duels amoureux faussement naïfs (le héros tente de s’approprier une famille) et scènes de violence à la fois sanglantes et poignantes, grâce au jeu subtil de Ryan Gosling.

Une mise en scène sophistiquée, un scénario bien ficelé, des dialogues et des silences judicieusement placés, des personnages attachants, le tout  magnifié par une bande son électro particulièrement addictive, produisent une alchimie à laquelle nul ne saurait résister…

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Drive, Nicolas Winding Refn, Ryan Gosling
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Arne Vinzon : le monde entier (2011)

paquita | 6 avril 2013

http://arnevinzon.com/medias/images/album_001.jpgEn ces temps de crise généralisée, qu’il est bon de se réchauffer le corps et le cœur dans un bain de musique. Mais pas n’importe lequel. Arne Vinzon et son album intitulé Le monde entier (titre programmatique) saura vous transporter en des régions peu visitées par le genre électro : celles de l’humour ! Mais un humour décalé, plein d’une imagination hallucinée, au croisement de l’enfance (”Les otaries”), de l’absurde (”Le coiffeur du château fort”, “Mon téléphone il est super”) ou du surréalisme (”Lapin”) les qualificatifs pouvant s’intervertir… Pourtant, ces derniers sont insuffisants à restituer la qualité incontestable des textes. Car derrière l’humour, on repère un véritable amour des mots, de la poésie et surtout la “politesse du désespoir” des vrais dandys (”Tempête du mois doux”, “Les secondes”). Cette veine plus sombre est clairement affichée par l’usage des synthés, héritiers de la New Wawe des 80′, diaboliquement dansants. Ils inspirent au chanteur et le cas échéant, aux claviers, des chorégraphies tout-à-fait intéressantes et inspirantes (vu et approuvé au Divan du Monde). En fin de compte, il y a une évidente parenté entre l’album faussement joyeux d’Arne Vinzon et celui vraiment désenchanté de Michel Houellebecq, Présence humaine, paru en 2000. On achèvera cette comparaison peut-être osée mais quand même pertinente, entre ces “deux enfants du siècle”, avec les vers mélancoliques (eh oui les vers aussi) du tubesque “Lente dépression”  :

Notre nom sera oublié avec le temps
Nul ne se souviendra de nos actions
Notre vie passera comme la trace d’une nuée
Se dissoudra

Merci Arne Vinzon pour vos “chansons en cristal” ;)

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Arne Vinzon, humour, new wawe
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Le grand cahier : attention, bombe littéraire

paquita | 15 mars 2013

Avec Le grand cahier (1986) Agota Kristof (de son vrai nom) a écrit le premier volet d’une trilogie brillante et cruelle. Elle y relate en de brefs chapitres, dans une langue dépouillée et concise, l’histoire de Claus et Lucas, jumeaux confiés par leur mère à une grand-mère jusqu’alors inconnue, haute en couleurs et en zones d’ombres. Dans une petite ville de la province hongroise, sur fond de régime totalitaire, les personnages et les situations qu’ils créent avec les jumeaux, se succèdent à un rythme effréné.  Curieusement, tous semblent souffrir de névroses et perversions diverses, dont on ne parvient pas à déterminer si c’est la privation de liberté qui les engendrent, l’état de guerre ou la dégénérescence d’un peuple…  Claus et Lucas, dotés d’une intelligence et d’une adaptabilité hors normes, mettront en place leur programme de “résistance” à cet entre-monde, dans lequel la morale et la générosité sont solubles dans la survie. Ils mettent au point une série d’exercices destinés à les endurcir, qu’ils consignent scrupuleusement dans Le grand cahier.

Exercice d’endurcissement de l’esprit :

Grand-mère nous dit :

- Fils de chienne !

Les gens nous disent :

- Fils de Sorcière ! Fils de pute !

D’autres disent :

- Iméciles ! Voyous ! Morveux ! Ânes ! Gorets ! Pourceaux ! Canailles ! Charognes ! Petits merdeux ! Gibier de potence ! Graines d’assassin !

Quand nous entendons ces mots, notre visage devient rouge, nos oreilles bourdonnent, nos yeux piquent, nos genoux tremblent. Nous ne voulons plus rougir ni trembler, nous voulons nous habituer aux injures, aux mots qui blessent. Nous nous installons à la table de la cuisine l’un en face de l’autre et, en nous regardant dans les yeux, nous disons des mots de plus en plus atroces.

L’un :

- Fumier ! Trou du cul !

L’autre :

- Enculé ! Salopard !

Nous continuons ainsi jusqu’à ce que les mots n’entrent plus dans notre cerveau, n’entrent même plus dans nos oreilles. Nous nous exerçons de cette façon une demie-heure par jour, puis nous allons nous promener dans les rues. Nous nous arrangeons pour que les gens nous insultent et nous constatons qu’enfin nous réussissons à rester indifférents.

Dans son émouvant récit autobiographique, L’analphabète, Agota Kristof (1935-2011) confie sa certitude que Le grand cahier serait publié. A la lecture du roman, on comprend son assurance : des chapitres brefs, des phrases courtes, tranchantes comme des rasoirs, un drame familial et communautaire, des personnages typés, troubles, des situations et des actions qui ne laissent aucun répit, bref, un roman calibré pour une lecture tout à la fois, haletante, déroutante et poignante. Chapeau bas, madame Agota.

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Agota Kristof, roman, seconde guerre mondiale
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Catherine Ribeiro : (libertés ?)

paquita | 26 janvier 2013

Écouter un disque de Catherine Ribeiro est une expérience auditive intense, physique. Chanteuse du groupe Alpes, elle apparait sur la scène musicale française après mai 68. La voix de Catherine Ribeiro est à son image : belle, profonde, grave, parfois incantatoire (”Le temps de l’autre”, “La voix”), toujours habitée. On y reconnaît la théâtralité de la chanson réaliste ou encore les élancements brisés du fado. Ses textes évoquent la poésie radicale d’Antonin Artaud et l’engagement politique de Léo Ferré. S’y ajoute un habillage musical expérimental forgé par son compagnon Patrice Moullet, entre rock progressif, free-jazz et même dark-folk. Ensemble ils œuvrent contre le formatage de la chanson traditionnelle, avec des titres atteignant parfois les 18 mn (”Poème non épique”), qui s’approchent des performances du Velvet Underground. On l’aura compris, Catherine Ribeiro + Alpes ne fait ni dans la concession, ni dans la demie-mesure. Néanmoins, contrairement à Gérard Manset, autre rebelle à l’industrie musicale, Catherine Ribeiro donne des concerts, bénéficiant ainsi d’une certaine couverture médiatique. Mais son étiquette de chanteuse marginale ne lui permet pas d’atteindre la reconnaissance qu’elle espère. La liberté de ton ne doit pas mourir : écouter Catherine Ribeiro en 2013, c’est donner raison à l’exigence de la chair à vif contre l’indigence des âmes creuses.

Article paru dans Montrouge Magazine n°102

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Alpes, Catherine Ribeiro, chanson, liberté
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Portier de nuit : l’objet du scandale

paquita | 11 mai 2012

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Réalisé en 1974, Portier de nuit fit scandale à sa sortie, le trauma de la seconde guerre mondiale étant encore vif. Ce scandale se situe à l’intersection de plusieurs lignes de fuite : le thème d’un amour “contre-nature” entre un officier allemand et une jeune-fille déportée, la décadence extrême des mœurs nazies dans le camp de concentration et leur mise en scène hyper esthétisée par une femme, Liliana Cavani.

Vienne, 1957. Il pleut. Un homme élégant marche dans la rue. Il se rend à son travail, dans un hôtel chic où il occupe un poste de réceptionniste de nuit. Cet homme impeccable à la mine désabusée est en réalité un ancien officier SS. L’ancien tortionnaire qui vit discrètement dans sa « taupinière», va brutalement se retrouver face à son destin. Surgie du passé, Lucia, une ancienne victime et amante, débarque à l’hôtel avec son mari. La frêle jeune-fille est devenue une femme du monde, mais ni l’un ni l’autre n’ont oublié leur relation sulfureuse. Pressé par d’anciens collaborateurs de se débarrasser de ce témoin gênant, Max, sorte d’Humbert Humbert (Lolita) toujours épris de celle qu’il nomme « ma petite-fille », s’enfermera avec elle chez lui, comme autrefois dans ce camp de concentration, qu’ils n’ont, in fine, jamais quitté. Ils retrouveront pour quelques jours l’intensité de cette passion amorale, dans laquelle les rapports de forces s’inversent, jusqu’au tragique. Dirk Bogarde et Charlotte Rampling (sublime dans la scène où elle reprend une chanson de “L’ange bleu” avec Marlène Dietrich) nous livrent ici une interprétation brûlante et brillante de ce couple maudit, qui continue de fasciner des générations de cinéphiles.

La réédition du film en DVD est accompagnée d’une interview de Liliana Cavani, indispensable pour comprendre les motivations artistiques de la réalisatrice.

Article paru dans Montrouge Magazine n°97

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Liliana Cavani, nazisme, portier de nuit
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L’arrache-coeur : roman de l’aliénation

paquita | 2 janvier 2012

9782253006626fsParu en 1953, L’arrache-cœur * est un roman moderne et particulièrement déstabilisant. L’invention langagière y fusionne avec la mise en scène d’une société aliénée, tandis que de purs fragments de poésie y côtoient des incongruités de tout poil :

Le sentier longeait la falaise. Il était bordé de calamines en fleur et de brouillouses un peu passées dont les pétales noircis jonchaient le sol. Des insectes pointus avaient creusé le sol de mille petits trous; sous les pieds, c’était comme de l’éponge morte de froid.

Un psychiatre au nom évocateur, Jacquemort, s’installe dans un village afin d’y effectuer une “psychanalyse totale” sur un ou plusieurs des membres de cette communauté. Au fil des jours, il découvre les mœurs dévoyées, le climat malsain qui semble être la norme du pays (la foire aux vieux, la maltraitance des apprentis et des animaux, une libido omniprésente). Parmi les personnages principaux, il y a Clémentine, mère de “trumeaux”, que Jacquemort aide à accoucher au début du roman et qui “s’épanouira” dans tout l’excès du délire maternel (obsessions en tous genres, en particulier celui des dangers). Il ne cherchera pourtant pas à l’analyser, estimant n’avoir dans ce cas, que l’expression de la plus totale dévotion d’une mère envers ses enfants… des enfants aux pieds ferrés et qui savent voler… Il y a aussi le curé, personnage haut en couleurs pour lequel la religion est un “luxe” que ses paroissiens païens sont incapables d’entendre. Jacquemort qui se dit clairement “vide de tout désir” et qui cherche à se remplir des autres, passe ainsi à côté du cas analytique le plus frappant du roman, La Gloïre, sorte de passeur, son double symbolique.

Il ressentait une sorte d’inquiétude, l’impression de parler à quelqu’un d’une autre planète. Sensation bien connue, certes, certes.
- Il faut que je les repêche avec mes dents, dit l’homme. Les choses mortes ou les choses pourries. On les jette pour cela. Souvent on les laisse pourir exprès pour pouvoir les jeter. Et je dois les prendre avec mes dents. Pour qu’elles crèvent entre mes dents. Qu’elles me souillent le visage.
- On vous paie cher pour cela ? demanda Jacquemort.
- On me fournit la barque, dit l’homme, et on me paie de honte et d’or.

Selon un calendrier de plus en plus farfelu, les jours passent, les mois, les années, contaminant notre homme qui finit par s’incorporer totalement aux us et coutumes du village, au point de délaisser son métier et l’objet de sa venue. C’est l’échec de la figure du psychiatre et le triomphe de la folie organisée.

* L’arrache-cœur doit son nom à un autre roman de Boris Vian, L’écume des jours, dans lequel le personnage principal assassine un certain “Jean-Sol Partre” au moyen d’un terrible “arrache-cœur”.

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Boris Vian, maternité, Psychanalyse
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